Hivernage d'automne
C'est vrai que c'est un peu bizarre, mais c'est en automne que l'on met nos colonies en hivernage. Ça aurait tout aussi bien pu s'appeler automnage. Bref...On va dire que l'on anticipe les frimas hivernaux. En fait, on ne fait finalement que cloner dame nature qui, en ce mois d'octobre, ferme les écoutilles.
Alors que les gros dormeurs comme monsieur Hérisson où Pirouette et Cacahuète, rentrent en hibernation,
(Ici, Pirouette en plein rêve. Où plutôt cacahuète... Enfin, je ne sais plus trop...)
certains volatiles fuient le froid du Nord de l'Europe pour aller se réchauffer les plumes sur le continent africain.
Ces magnifiques Bernaches du Canada font une pause de quelques jours sur l'étang de la Loy dans la vallée de la Gondoire. Mais elles, n'iront pas en Afrique, car contrairement à leur cousines canadiennes, elles ne sont pas réèllement migratrices.
Pour la colonie de guêpes, frelons, bourdons et abeilles sauvages, c'est la diapause qui s'impose. En clair, tout le monde meurt sauf quelques élues futures fondatrices qui en se planquant sous terre remplies d'antigel passeront l'hiver tant bien que mal afin de relancer la machine au printemps.
Même les arbres qui, durant la chaude saison, ont peint nos villes et campagnes d'une large palette de vert, font des économies d'énergie en se débarrassant de leurs encombrants habits d'été. Les petites usines à photosynthèse tombent délicatement, zigzagant jusqu'au pied de leur créateur. Finalement, une fois dévorées puis digérés par de minuscules Gargantua, elles se transformeront en humus, futur réservoir nutritif de papa ou maman.
Bref... Ça glandouille fort dans les campagnes durant l'hiver!
Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos avettes...
Petit résumé
En Seine et Marne après la récolte mi-juillet, nos travailleuses à 6 pattes se retrouvent au chômage technique. Il est toujours surprenant, après 3 mois d'hyperactivité, de les voir errer sur la planche d'envol à se raconter des histoires d'abeilles. Même la reine, travailleuse invétérée, s'arrête bien souvent de pondre durant le mois d'août. Et oui, en été, il n'y a plus grand chose à manger. Le peu que les butineuses ramènent leur est bien évidemment réservé. Mais cela ne suffit pas toujours. D'où l'intérêt de nourrir certaines colonies durant ce mois pauvre en récolte.
Mais dès le début du mois de septembre, c'est l'effervescence. Le lierre qui, jusque là, s'était fait discret, inonde les campagnes de ses effluves odorantes provoquant ainsi de magnifiques ballets aillées.
C'est le meilleur moment de l'année pour faire le plein de rencontres sympathiques.
Ici, une cousine un peu sauvage.
Et là, une copine en camouflage coquelicot, pas très efficace sur le lierre...
Attention tout de même car les invités ne sont pas toujours de bonne compagnie...
Et il peut toujours y avoir un prédateur dans le coin.
Et si la zone est vraiment mal fréquentée, on peut toujours faire un tour sur les asters qui offrent du pollen gratos...
La miellée de lierre est une aubaine, aussi bien pour les abeilles que pour l'apiculteur. En effet, cette dernière permet de limiter l'apport de sirop pour certaines colonies.
Personnellement, j'attends de voir si les apports naturels sont suffisants avant de rajouter du sirop. Mais la situation n'est pas la même selon les emplacements. En effet, alors que sur mon rucher de la Gondoire, les colonies prennent du poids,
Ici, les jeunes essaims de l'année font des stocks...
ça n'est pas le cas du rucher de la Brie Boisée qui comme je l'avais constaté l'année dernière est assez pauvre en lierre. Les ruches n'ont fait que s'alléger depuis le mois de juillet.
Je dois donc, sur ce rucher, faire un nourrissement quasi général pour éviter l'apport de candi en plein hiver.
Et bien souvent, elles s'empressent de descendre les réserves.
Une petite vue de ce rucher.
Il se dit qu'il vaut mieux éviter de nourrir trop tard pour éviter "d'user" les abeilles d'hiver en les faisant stocker le sirop dans les rayons. Mais après tout, alors que les colonies de la Gondoire stockent le miel de lierre, dans un même temps, celles de la Brie Boisée stockent le sirop. J'évite tout de même de trop nourrir au dernier moment.
L'objectif reste d'hiverner toutes les colonies avant le 15 octobre.
Objectif, pas tout à fait tenu cette année car il faut bien l'admettre, je me suis fait piéger par la vague de froid précoce du mois d'octobre. Ya plus d'saison les amis!!! Du coup, quelques colonies n'ont pas pris immédiatement le sirop que je leur avais offert. C'est vrai que la soupe est moins bonne quand elle est froide...
Au bout du compte, l'idéal serait d'avoir entre 10 et 15 kg de réserves par ruche (une ruche Dadant doit poser entre 35 et 40 kg) au moment de la mise en hivernage. Mais cela dépend aussi de la taille de la colonie.
A ce jour, pour la très grande majorité des colonies, les isolants ont été posés
Ici, il recouvre les cadres d'un jeune essaim. L'isolation est d'autant plus importante que la colonie est petite...
Beaucoup de colonies avaient été resserrées dès le mois d’août. Le cadre de miel retiré était placé dans une colonie qui avait moins de stock et les deux cadres restés de l'autre côté de la partition allaient être vidés par les magasinières qui cherchent à ramener les réserves près du couvain.
Si certaines colonies trainent un peu pour déplacer le miel, je gratte les alvéoles pleines et les zazas se mettent aussitôt au travail.
Ici, on voit bien que les ouvrières se sont précipitées sur cette zone "à miel ouvert".
Il paraîtrait même, que ce grattage aurait tendance à stimuler la ponte de la reine car il y a un apport de miel près de la zone de ponte. Mais bon... Je ne l'ai pas constaté personnellement...
Mais ça n'est pas pour cela que je fais cette petite manipe.
Le premier objectif est avant tout de resserrer la colonie pour maintenir plus facilement la grappe au chaud et surtout assez proche des réserves. Il arrive en effet, que certaines colonies meurent de faim alors qu'il reste des réserves de miel sur les cadres de rives (sur les côtés). La grappe hivernale étant trop éloignée des cadres concernés les abeilles ne peuvent pas aller se nourrir. Cette situation ne peut cependant arriver que si l'hiver est particulièrement froid. Ce qui est de plus en plus rare dans notre région.
Mais cette petite méthode me permet aussi de récupérer des cadres qui auraient probablement moisi car abandonnés durant l'hiver.
Celui-ci pourra toujours me servir au printemps.
Je pourrai aussi éventuellement l'amener dans les écoles lors de mes exposés. Les enfants adorent les tenir dans les mains. Comme ici.
Voilà une lecture très intéressante.
Pour finir, un petit c'est quoi donc?
J'attends vos réponses...