Mâle au coeur
ô rage ! ô désespoir ! ô froideur ennemie !
Alors que je me faisais une joie d’ouvrir ma ruchette afin d’admirer un joli couvain homogène et que je réfléchissais déjà aux futurs faire-part de naissances, voila que je découvre avec effroi une étendue de champignons de cire. Ma ruchette est remplie de faux-bourdons en devenir et moi j’ai le vrai bourdon. Les œufs récemment observés n’étaient en fait que des ovules non fécondés qui donneront naissance à des mâles trop gros pour tenir dans une cellule d’ouvrière, d’où l’effet champignons. Qu’elle est la raison de cette bérézina «bourdonneuse » ?
Plusieurs causes possibles :
- La reine est trop vieille et sa spermathèque s’est vidée. Plus de possibilité de féconder les ovules. Conséquence directe, un couvain de mâles. Cette situation arrive assez rarement car les abeilles poussent généralement les reines défaillantes à essaimer avant d’en arriver là. Il arrive même qu’elle soit condamnée à mort sans autre forme de procès! Situation totalement improbable dans le cas présent car s’il y a une reine, elle a moins de 5 semaines.
- La jeune reine est sortie pour son vol nuptial mais n’en est jamais revenue. Les causes peuvent être multiples. Elle a entre autre pu finir au fond du gosier d’une jeune maman mésange charbonnières à la recherche de protéines pour sa nouvelle couvée. La colonie se retrouve alors sans reine et surtout sans œuf pour en faire une nouvelle. En effet, quand la reine vierge s’envole, l’ancienne est déjà partie depuis quelques jours et les dernières larves sont déjà operculées.
Il se produit alors un phénomène assez improbable quelques semaines plus tard. Certaines ouvrières deviennent pondeuses. Elles se mettent alors à remplir les cellules d’ovules qui ne sont bien évidemment pas fécondés, ces abeilles n’ayant pas de spermathèque. Autre cause, même résultat… La ruche devient bourdonneuse. Dans le cas présent, il me semble que le temps entre la naissance d’une reine et l’apparition d’ouvrières bourdonneuses est trop court. Mais ça n'est qu'une supposition.
- Autre possibilité, et c’est ce qui me semble le plus probable dans le cas présent. La reine vierge est dans la ruche mais n’a pas pu faire son vol nuptial faute de conditions climatiques adéquates. Elle finit par pondre des ovules non fécondés pour cause de spermathèque vide ! Là encore, ça n'est qu'une supposition car je n'ai pas pris le temps de vérifier s'il y avait une reine dans la ruche. Mais la ponte semble trop régulière pour que ce soit les ouvrières qui aient pondu.
Mais alors, que faire d’une colonie bourdonneuse ?
Si la population est encore très importante, on peut retirer la ruche de son emplacement, la remplacer par une ruche dans laquelle ont aura posé un cadre de jeune couvain d'une autre colonie et aller secouer les cadres pleins d’abeilles à quelques dizaines de mètres du rucher. Les butineuses reviendront dans la nouvelle ruche et se feront une nouvelle reine. Les pondeuses, malheureusement pour elles, resteront à terre.
Si la population est assez faible, ce qui est le cas pour ma ruchette, on secoue les cadres et on ramène la ruche à l’atelier. Une partie des butineuses se feront accepter par les ruches voisines si elles ramènent quelques provisions. Ici, ça a provoqué une certaine effervescence dans mon rucher. En effet, les gardiennes de la ruche voisine(particulièrement populeuse) en demandant à chaque arrivante sa carte d’identité « phéromonale », ont créé des bouchons dignes des grands départs de vacances.