Essaimage (1ère partie): quand maman quitte le foyer...
Par un bel après-midi de mai, alors que nombre de champs de Seine et Marne se sont parés de leur joli manteau jaune citron, maman, reine de la colonie, quitte la ruche... C'est la première fois depuis son vol nuptial (de fécondation) qu'elle va se dégourdir les ailes. On ne la reverra plus.
Qu'elle quitte le foyer n'est pas en soi un véritable problème car ses filles peuvent facilement la remplacer à partir de jeunes larves de 1 à 2 jours. Mais qu'elle se carapate avec une grande partie d'entre elles peut, dans certains cas, handicaper la colonie. Quant à l'apiculteur, c'est l'espoir d'une belle récolte qui s'envole avec ses avettes.
Mais revenons un peu sur l'histoire d'une désertion...
L'essaimage est non seulement naturel mais surtout indispensable à l'abeille pour coloniser un territoire. C'est en quelque sorte la deuxième méthode de reproduction après l'acte sexuel proprement dit. Une colonie en début de saison en donnera une autre avant l'hiver suivant. Cela permet de compenser les disparitions pour diverses causes.
1 Une histoire de phéromones, mais pas uniquement...
Mais qu'est ce qui pousse la reine à partir de la ruche avec tous les risques qu'elle encourt, alors qu'elle était bien au chaud, choyée par ses nourrices.
Si l'on s'attarde un peu sur le processus d'essaimage, on se rend compte qu'elle n'a rien décidé, mais que ses filles l'ont délicatement poussée à partir.
Plusieurs situations peuvent servir de déclencheur :
- La ruche est surpeuplée, les abeilles sont trop confinées et les phéromones de la reine sont de moins en moins perceptibles par les ouvrières. Elles vont alors commencer à construire des cellules royales.
- La reine n'a plus de place pour pondre. Il y a un déséquilibre entre le nombre d'abeilles présentes et le couvain. Même conséquence, les abeilles commencent à construire des cellules royales.
- D'autres raisons peuvent s'additionner comme l'âge de la reine, la météo, ou encore la race des abeilles.
Pour la préparation à l'essaimage, les cellules seront principalement placées sur le pourtour des cadres.
Une fois le processus enclenché, si l'apiculteur n'intervient pas, rien ne peut l’arrêter. C'est ce que l'on appelle "la fièvre d'essaimage"
L'activité de la ruche qui était bien souvent en pleine expansion va subitement ralentir. Les nourrices vont imposer un régime draconien à leur souveraine afin que celle-ci puisse décoller le moment venu. Puis un beau jour, alors que les abeilles se sont gorgées de miel, par une journée si possible chaude et sans vent, l'essaim part à la recherche d'un nouveau logement. Il va tout d'abord se poser à quelques mètres de la ruche durant quelques heures, voir 2 à 3 jours. Enfin, il s'éloignera définitivement du secteur, quand les éclaireuses auront trouvé un emplacement idéal pour la nouvelle implantation de la colonie.