Une reine en septembre, quelle drôle d'idée!
Avant de vous faire part du billet d'une abeille en colère, un petit zoom sur un "fait-d'automne". En ouvrant la ruche sur laquelle j'avais des doutes suite à un arrêt de ponte fin août, j'ai eu la surprise de découvrir une cellule royale de supersédure. Les abeilles ont donc décidé de changer de reine estimant probablement que leur souveraine n'était pas apte à subvenir aux besoins de leur colonie. Jusqu'au mois de juillet, voir au mois d’août, ceci ne pose aucun problème. Mais fin septembre, ça se complique sérieusement!
En effet, si vous avez eu l'occasion de lire l'interview sous haute tension de la semaine dernière (voir ici), vous devez savoir que les mâles sont aujourd'hui inexistants dans le rucher. Or, sans mâle, pas de fécondation... Nombre de scénarios sont alors possibles. Entre autre que la nouvelle reine naisse, tue l'ancienne et reste "stérile". La colonie serait alors condamnée. J'ai donc décidé de prendre les devants en retirant la cellule royale. La reine non désirée ayant repris la ponte, on peut espérér que la colonie passera tout de même l'hiver.
Il faudra surveiller cette colonie au printemps et probablement changer la reine car tel est le désir des petites locataires.
BILLET D'UNE ABEILLE EN COLÈRE
- Fais attention à la guêpe!
- Elle est casse pied cette abeille, on ne peut pas manger tranquille!
Depuis début juillet, ça fait déjà plusieurs fois que certains énergumènes me confondent avec cet hyménoptère prétentieux qu'est la guêpe. Avec sa taille mannequin et ses couleurs noir et jaune criard, elle se la joue grave !!! Manquerait plus qu’elle mette des talons aiguille.
Mais comment peut-on encore nous confondre toutes les deux !!! Nous sommes pourtant si différentes.
Nous, grandes travailleuses, butinons des centaines de fleurs par jour. Nous pollinisons les cerises que ces petites pestes viennent vous grignoter sous le nez en gâchant votre repas dominical.
Non, nous ne venons pas quémander quelques morceaux de viande. Nos seuls nutriments sont le pollen et le miel. Nous ne sommes pas des sauvages tout de même !
Et nous sommes bien mieux éduquées que ces bestioles. Nous avons la courtoisie de vous piquer qu’une seule fois avec notre dard. Et oui, nous avons inventé le principe du jetable bien avant vous les mammifères surdoués. Une fois celui-ci enfoncé dans votre peau, nous ne pouvons plus le retirer. Malheureusement, cette piqûre nous est systématiquement fatale car en nous envolant, la poche qui contient le venin se détache de notre corps avec une partie de notre abdomen. Si la douleur est aussi désagréable que la piqûre de guêpe, elle a l’avantage d’être bien plus saine car exempte de toute bactérie. Quand la guêpe vous pique, dieu sait quelle bestiole elle avait agressé quelques heures auparavant.
Et puis, elle fait sa maline, mais au sortir de l’été, elle n'est plus très fière car elle sait que seule la reine survivra, alors que nous, petites abeilles nous passerons tout l’hiver ensemble dans la ruche et notre colonie sera opérationnelle bien avant elles dès les prémices du printemps.
Alors soit, je suis peut être un peu excessive mais j’ai des circonstances atténuantes car ces guerrières n’ont peur de rien et quand vous voyez, en plein mois d’août, votre grande sœur malade se faire dévorer devant vous au pied de la ruche tout ça parce quelle arrive en fin de vie et qu'elle n'a plus vraiment les moyens de se défendre, il y a de quoi être rancunière. Et je ne vous parle pas de son lointain cousin, le Vespa Velutina (frelon asiatique) venu d’Asie, sur le point d’envahir notre capitale et qui peut décimer une colonie en quelques jours.
Mais bon, après tout, soyons bonnes joueuses. Finalement, chez mère nature, il y a de la place pour tout le monde. Les guêpes sont des prédatrices et des nettoyeuses et nous des pollinisatrices...
A propos de pollinisateur, voici mon préféré dans l'hexagone, observé lors d'une petite rando dans le Morvan.
Colibri ou papillon?
Evidemment, il passe après mes petites protégées qui profitent des dernières belles journées pour soutirer aux asters bigarrées les petits grains de pollen qui donneront vie aux replètes abeilles d'hiver.