Trop!
Drôle de titre me direz-vous. Trop, parce qu'il y a bien trop de varroas dans les ruches cette année. Et trop, parce que les prunus et les saules marsault ont fleuri bien trop tôt. Alors, quelles conséquences ces "trop" vont-ils avoir sur le comportement de mes abeilles ? Bien malin celui qui pourrait le savoir...
Concernant la floraison prématurée, le prunus que j'utilise comme référence a fleuri 15 jours plus tôt que l'année dernière. Or, l'année dernière, il avait déjà fleuri 15 jours plus tôt que l'année précédente. Ceci n'est pas réellement surprenant quand on sait que cet hiver météorologique est officiellement le plus chaud depuis le début des données météo. Cette année, en Île de France, nous sommes en moyenne 3° au-dessus des normales saisonnières.
Il va falloir attendre la météo du mois de mars pour observer les va-et-vient des abeilles et prendre les mesures appropriées si nécessaire. Le fait est que les reines ont clairement pris de l'avance et que la maternité se remplit un peu plus tôt que les années précédentes. Pour autant, si les fleurs sont ouvertes, elles ne produisent pas ou peu de nectar. Il va donc falloir être très attentif aux réserves car les butineuses sont tout de même plus actives que d'habitude et consomment donc plus. Si l'on ajoute à ça une population plus importante, le frigo risque de se vider en un rien de temps! Le pesage des ruches est donc d'actualité...
L'autre risque est une chute des températures. Il ne faut pas oublier que nous venons de fermer l'hiver météorologique qui se finit le 1er mars.. Si la température baisse plusieurs jours, ce qui est toujours possible, il va être très compliqué pour les chauffeuses de garder une température de 35° sur toute la surface du couvain. On risque donc de retrouver quelques larves ou nymphes mortes à l'entrée des ruches.
Pour l'instant, ce sont plutôt des ouvrières que l'on retrouve. Mais rien d'inquiétant car un certain nombre de vieilles abeilles meurent de toute façon durant l'hiver.
Tout cela fait tout de même beaucoup d'activité pour une colonie qui devrait être tranquillement entrain de se la couler douce dans son petit cube en bois en attendant la caresse des premiers rayons du soleil.
Ceci dit, il n'y a pour l'instant pas lieu de s'affoler. Il faut juste être un peu plus attentif que d'habitude.
Je suis tout de même un peu inquiet concernant le varroa. C'est la première fois depuis mes débuts en apiculture que le traitement contre cet acarien, mis en place dès le mois de juillet n'a pas été assez efficace. J'ai cru comprendre que c'est un problème assez global cette année et ce, quelles que soient les méthodes utilisées.
J'ai donc dû intervenir sur les ruches les plus touchées.
Ici chaque varroa est entouré de rouge. Ils sont morts suite à une deuxième intervention. Si rien n'avait été fait, c'était la mort quasi certaine de la colonie en fin de saison.
J'ai bien peur que les apiculteurs qui ne gèrent pas ce parasite perdent énormément de colonies cette année.
Un varroa les pattes en l'air...
En ce qui concerne les travaux hivernaux, tout est presque terminé. Les cadres et les hausses ont été grattés
Les grilles à reine grattées et nettoyées.
La cire a été fondue et mise en bloc pour être donnée au magasin.
Les travaux pour améliorer mes conditions de travail sont quasi finis.
La miellerie et une pièce de stockage climatisées sont terminées.
La climatisation ne fonctionne que durant les mois les plus chauds. A cette période de l'année, la température se maintient naturellement à 15 degrés dans la pièce.
Les hausses sont prêtes et n'attendent plus que leur mise au chaud au-dessus du corps des ruches. J'attends la visite de printemps pour connaître le tempo de leur pose.
Pour l'instant, aucune fenêtre n'est en vue pour ouvrir les ruches car le "faux hiver" n'a pas l'air de vouloir laisser place à un "vrai printemps". Donc patience...
De toute façon, l'accès au rucher de la Gondoire est pour l'instant trop compliqué a moins d'être équipé d'un aéroglisseur.
C'est donc à pied que je rejoins le rucher de la Gondoire pour passer le bonjour à mes ouvrières et surtout peser leur maison. En ce moment, la majorité des ruches perdent entre 50 et 70g par jour alors que durant le mois de janvier c'était plutôt entre 20 et 40g par jour. Preuve, s'il en est que l'activité redouble en ce moment dans les colonies.
Et d'ailleurs, à la moindre occasion, les travailleuses sortent au péril de leur vie à la recherche de quelques milligrammes d'eau ou de pollen.
Sous les ruches, les tiroirs commencent sérieusement à se salir. Ce qui matérialise l'accélération du travail des ouvrières.
Du coup, le petit peuple des tiroirs profite des poubelles des colonies.
Ces petites bêtes se régalent du bon sucre cristallisé et du pollen séché évacués des alvéoles.
Mais aussi des morceaux de vieille cire, d'exosquelette des nymphes perdues, voir de particule moisies. Bref, que de bonnes choses bien appétissantes.
L'observation de ces tiroirs permet aussi de se faire une idée de la santé de la colonie.
Ici, une colonie bien avancée. Elle utilise une bonne partie de la surface avant de la ruche.
Ce tiroir est plus inquiétant car il y a trop de déjections (tâches marrons) qui sont souvent signe de future maladie noire dans une colonie. Je serai fixé quelques semaines après les premières vraies sorties du mois de mars.
Sous le toit, les huit pattes se protègent pour passer l'hiver et les gendarmes de ma ruchette de démonstration n'ont pas l'air impressionnés par la proximité des ouvrières.
Pendant ce temps-là, nos ptits roux se baladent dans le jardin. Ils sont tout de même un peu envahissants pour les passereaux qui viennent se nourrir. Mais vraiment trop mignons...
Enfin, les mouettes, nous offrent de très jolis balais pour nous aider à patienter jusqu'aux beaux jours qui se font attendre.