2019... année contrastée!
En apiculture, il est très rare de voir se suivre deux années identiques. Tellement de paramètres influencent les qualités des miellées que chaque printemps nous réserve son lot de bonnes ou mauvaises surprises. Après une année 2018 exceptionnelle, on pouvait donc s'attendre à une saison un peu plus compliquée. Pourtant, tout avait bien commencé avec un tout début de printemps lumineux et doux et des abeilles heureuses de visiter les pissenlits particulièrement généreux cette année.
Les colonies dèjà bien avancées comblaient rapidement les hausses. Malheureusement, ce climat propice à un shopping mellifère ne dura pas bien longtemps et nos petites bêtes préférées se trouvèrent bien dépourvues quand la bise fût venue...
En effet, trop rapidement, le temps se rafraîchit. Aubépines et acacias, n’appréciant guère les frimas, furent bien moins généreux que l'année passée.
Les colonies se retrouvèrent au régime sec et les alvéoles pleines d'air. La santé des colonies les plus fragiles déclina et les jeunes essaims eurent bien du mal à se développer.
Pour la première fois depuis mes débuts en apiculture, j'étais sur le point de nourrir mes colonies en pleine saison ce qui aurait été particulièrement problématique... En effet, donner du sirop en saison alors que les hausses sont sur les corps de ruche risquerait de frelater le miel si la miellée arrivait juste après le nourrissage! La solution la plus raisonnable aurait été de nourrir très peu chaque jour pour que les titines mangent immédiatement le sirop donné sans qu'il y ait de stockage. Heureusement, la miellée est arrivée juste à temps. Et quelle miellée!!! Les colonies sevrées de nectar depuis plus d'un mois se ruèrent sur les fleurs de tilleul et de ronce.
Les ruches s'alourdissaient alors de plus de 2kg par jour. Contrairement à certaines régions, l'arrivée de la canicule fût un bienfait pour les abeilles Seine-et-Marnaises. Finalement, les colonies ont plus produit en moins de 3 semaines (23 juin au 10 juillet) qu'en 2 mois et demi (01 avril au 20 juin).
La cire des cadres s'était bien élargie
Il était temps car la saison était jusque là, plus que médiocre... Le petit plus au delà de la production, fût de voir les quelques colonies particulièrement poussives au printemps, profiter de l'aubaine pour guérir des quelques maux qui les avaient frappées.
Et quand je soulevais les hausses, c'était une joie d'observer les magasinières ne perdant pas une minute pour récupérer les quelques gouttes de miel fuyant les alvéoles fractionnées.
Vint ensuite le temps de la récolte. Une récolte qui, pour ma part, est toujours précoce pour diverses raisons.
- les colonies auront plus de réserves naturelles pour l'hivernage et le nourrissage au sirop est réduit. La miellée de lierre vient généralement compléter ces réserves d'été.
- la récolte se fait dans de bien meilleures conditions quand il y a encore un peu de miellée (beaucoup moins d'agressivité)
- le traitement contre le varroa est plus efficace quand il est fait tôt dans la saison. C'est en effet durant les mois de juillet et août que la population de ce parasite augmente de façon exponentielle. Pour ma part, les lanières étaient posées dès le 15 juillet.
Il y a un seul inconvénient à récolter tôt et pas des moindres. C'est un plus faible revenu pour l'apiculteur. Plus je laisse de miel aux colonies, moins il y en aura pour moi...
Ceci étant, la nature nous a bien gâtés et il faut apprendre à se contenter d'une camionnette bien remplie...
Mi-juillet, les colonies étaient bien populeuses. Pour preuve, le nombre d'abeilles sous les chasses abeilles.
Et si l'on y regarde de plus près, on peut observer des départs de rayons de cire. Ceci démontre que la miellée n'était pas terminée.
Sur le front du frelon asiatique, cette année fût plutôt tranquille. Ces derniers étaient bien moins nombreux que l'année précédente et les colonies étaient plutôt sereines. A priori, comme les abeilles, il n'aime pas les printemps frisquets. Il est à noter que le frelon Crabo (européen) a repris la place qui lui était due. Du moins, pour cette année...
Enfin, la mise en hivernage s'est plutôt bien passé. Les colonies ont profité de la 2ème partie de juillet pour faire des stocks. Ici, une grosse colonie sur laquelle j'avais placé une hausse vide après la récolte pour cause de surpopulation. Visiblement, les butineuses ont continué à travailler bien après.
Certaines, faute de place, ont stocké dans le nourrisseur couvre cadre.
Et durant le mois d'octobre, les fleurs de lierre ont comme d'habitude ouvert leur restaurant végan (à consommer sur place ou à emporter) tous les jours même le week-end...
Sauf que...
Comme chaque année, il y a une différence marquée entre mes deux principaux ruchers.
Ici au rucher de la Brie Boisée, un cadre à la mi-septembre. On constate que le couvain est très peu développé (rond jaune) et que le pollen est déjà transformé en pain d'abeille (ronds oranges).
Alors que sur le rucher de la Gondoire, le couvain est magnifique pour un mois de septembre et le pollen est encore frais.
Heureusement, dans le premier cas, je constate que la reine se met tout de même à pondre un peu plus tard mais dans de moindres proportion.
Finalement en cette fin de saison, le bilan en chiffre est bon au vu du printemps plus que médiocre.
- mortalité hivernale des colonies (2018/2019) 6%
- mortalité totale sur la saison (2019) 14%
- Production par ruche (basée sur le nombre de ruches ayant passé l'hiver) 30 kg
Aujourd'hui, tout va bien. Les colonies ont l'air de bien se porter et profitent d'un petit radoucissement pour se dégourdir les ailes.
Pour finir, quelques nouvelles du jardin où...
Le rouge gorge veille sur son territoire prenant la ruche pour un piédestal.
La mésange charbonnière profite des hôtes officiels ou clandestins de cette même ruche pour se faire un petit casse croûte.
le pic épeiche prénommé "monsieur sans gène" vient par pure fainéantise piquer la "graille" des passereaux qui contrairement à lui ne sont pas équipés pour piocher les petites bêtes bien cachées sous l'écorce des arbres.
Ces mêmes arbres qui nourrissent l'agité du jardin
Et colorient les bois à leur manière!
Quant aux bernaches, elles passent le temps comme elles peuvent...