Quand la nature hoquette...
La météo aime tester les capacités d'adaptation des petits peuples qui habitent notre terre. Vous aimez le beau temps ! Eh bien en voilà ! Ah mais attention tout de même, car ça ne va pas durer, alors ne vous emballez pas trop sous peine de grosse déconfiture...
Nous sommes le 27 février et visiblement, sa majesté a pris de l'avance pour agrandir sa petite famille. Et oui, chez l'Apis Mellifera, qui dit pollen dit bébé. Il va donc falloir surveiller la météo ainsi que le poids des ruches pour être certain que les gourmandes ne vont pas tomber en panne sèche...
Quelques photos pour illustrer cette petite avance à l'allumage.
Si les butineuses ont tant de travail, c'est que la nature leur en donne et en effet, les floraisons sont pour l'instant bien en avance sur le calendrier officiel... Une bonne dizaine de jours si l'on se réfère à l'année dernière.
C'est le cas pour les prunus, saules marsault et autres prunelliers sauvages.
Quant aux perce-neiges, elles ont pour habitude de devancer tout le monde.
Et comme chaque année, ces floraisons sont "synchro" avec les myriades de courageuses porteuses d'eau qui risquent leur vie pour que leurs petites sœurs ne manquent pas de bouillie.
Il faut d'ailleurs que je fasse attention en me rapprochant du rucher. Je me sens comme Gulliver dans un magasin de lilliputiens. Mes gros godillots n'ont malheureusement pas de détecteur d'ouvrières.
Après la vague de chaleur de février qui a émoustillé les avettes, Eole qui ne s'était pas encore ébroué depuis octobre a bousculé Hélios pour faire parler de lui. Deux tempêtes avec des rafales à plus de 100 km/h. J'espère qu'il a enfin atteint son quota.
La première nommée Freya a décoiffé un certain nombre de ruches. C'est la première fois que cela m'arrive. Heureusement, les feuilles aluminium couvre-cadre étaient parfaitement propolisées par les colonies. L'eau n'a donc pas pu s'infiltrer dans la ruche. J'ai depuis posé un poids sur les boîtes concernées afin d'éviter une récidive possible dès l'arrivée du deuxième coup de vent nommé Eberhard.
Ce couvre cadre a probablement pris ses premiers cours de vol plané.
Malheureusement, certaines porteuses d'eau se sont faites piégées par cet abreuvoir éphémère.
Mais une fois la nature calmée, les butineuses se sont immédiatement remises au boulot.
Tout comme les nettoyeuses qui n'en finissent pas d'éjecter l'ancienne génération pour faire place aux jeunes. Voilà un boulot particulièrement physique, qui demande beaucoup d’abnégation. Par contre, comme on peut le constater, cette nettoyeuse fait le strict minimum en balançant le cadavre de sa grande sœur comme un vulgaire sac de patates...
Et même les ventileuses s'y mettent. Elles auraient d'ailleurs besoin d'une petite remise à niveau car certaines ne ventilent pas grand-chose hormis un morceau de plastique. A moins que ces ouvrières testent leur glande de Nasanov pour aiguiller certaines jeunes butineuses qui auraient du mal à trouver l'entrée encore un peu réduite...
Pour finir, un petit exemple de symbiose entre les abeilles, les fleurs et les oiseaux.
Rappelez-vous, au mois de septembre, les avettes pollinisaient les fleurs de lierre afin de peaufiner leurs réserves hivernales. C'est ce que l'on appelle un échange gagnant/gagnant.
Quelques mois après, les petites fleurs se sont transformées en baies particulièrement appréciées par les passereaux cherchant des protéines pour finir l'hiver.
Une fois rassasiés, ils iront discrètement aux toilettes dans les alentours et disperseront les graines qui permettront à monsieur Lierre de se développer ailleurs sans trop d’effort. Il pourra ainsi grandir, puis nourrir les avettes et donc boucler la boucle...