Quand les butineuses sont en vacances
C'est l'automne, les arbres achèvent leur mue. Leurs feuilles, après une chute chaloupée, vont délicatement se poser, effleurant le sol qu'elles nourriront tout l'hiver.
Certaines ratent leur cible et prennent, dans la Brosse, un bain inattendu. Peu importe, elles finiront limon dans l'étang de la Loy et avec un peu de patience, c'est à dire quelques milliers d'années, voyageront jusqu'à saluer l'estuaire de la Seine.
C'est l'époque où tout un chacun, pour peu qu'il vole quelques heures aux écrans, profitera à l’œil d’œuvres d'art aussi étranges qu'éphémères entourées de champs piqués par les chaumes.
Et pendant ce temps, mes abeilles, loin du brouhaha pécunier des humains, jouissent de leur humble demeure, protégées par quatre murs de bois tapissés d'une propolis odorante et ambrée.
Il arrive tout de même que des enfants décident de colorer une façade qui leur semblait un peu terne...
Et si pour ces derniers les grandes vacances sont bien loin, elles viennent de débuter pour mes avettes qui l'ont bien mérité. Après un printemps prolifique, un été particulièrement secs et une arrière saison qui n'en finissait plus pour le plus grand bonheur de nos "copains" les frelons. Elles vont pouvoir enfin flemmarder en attendant les beaux jours.
La préparation de l'hivernage s'est faite en douceur avec parfois quelques inquiétudes pour le stockage du pollen. Les frelons à chaussettes jaunes ont souvent poussé les colonies à se cloîtrer. Mais en y regardant de plus près, elles réussissaient tout de même à s'activer par vagues impressionnantes. On se serait parfois cru au printemps sans l'exceptionnelle effervescence qui lui est propre.
Ici, au premier plan, une butineuse revenant des courses et derrière les gardiennes regroupées pour impressionner les frelons.
Il est probable que ce comportement particulièrement marqué soit une forme d'adaptation à la pression du frelon. Il était assez surprenant d'observer les butineuses sortir en grand nombre tôt le matin par 8° et de les voir s'enfermer en pleine après-midi sous des températures quasi estivales.
Deux d'entre elles ont carrément construit leur propre muraille de propolis anti-frelon.
Bizarrement, bien que stressées, elles étaient particulièrement douces, ce qui n'est pas toujours le cas à cette période de l'année.
Petite vidéo d'une abeille se prélassant sur ma main.
Fin septembre, le poids des ruches était globalement raisonnable. Hormis quelques exceptions, je n'ai pas eu à rajouter de sirop dans les grosses colonies.
Malheureusement, ça n'était pas le cas pour plusieurs jeunes essaims ayant eu du mal à remplir le frigo. Certains cadres n'ont même pas été construits.
Il a alors fallu une fois de plus jouer à Robin des bois en prenant aux riches pour donner aux pauvres.
Ici un beau cadre de miel piqué à une ruche qui faisait plus de 50 kg et placé dans un jeune essaim qui en avait bien besoin.
Le cadre du jeune essaim qui avait tout de même un peu de miel a été placé derrière la partition d'une colonies en prenant soin de le gratter un peux afin de pousser les gourmandes à l'assécher et transférer le miel près du couvain. Je l'ai depuis retiré et je le placerai au printemps prochain dans une colonie pour renouveler les vieux cadres.
Les jeunes essaims sont particulièrement chouchoutés. Une double isolation avec, au niveau du nourrisseur, une petite ouverture sur la feuille isolante placée sur les cadres pour les nourrir, si besoin, au début du printemps.
Ceci étant dit, toutes les reines se sont mises à pondre entre le début septembre et la mi-octobre. Et oui, les quelques ruches qui avaient du mal à se relancer du côté de Villeneuve le Compte ont été replacées à Guermantes afin de profiter de la maigre miellée de lierre. Elles ont, depuis, repris du poil de la bête et me semble t-il tout est rentré dans l'ordre.
Ben elle est où la reine?
Ah! Elle est là...
Pour ma part, les hausses sont revenues à la maison
et il reste maintenant tout le travail hivernal à faire à l'atelier (grattage des cadres et hausses, gestion du miel, fonte de la cire, pesage mensuel des ruches, etc...)
Et pendant ce temps, alors que Monsieur Longuespattes a déserté les étangs qui lui gèlent les doigts de pieds, les chevreuils préfèrent mon jardin aux forêts non fréquentables en période de chasse. Ils ont tous en tête ce vieil adage bien connu dans les terriers.
Si tu sais la chasse ouverte...
Dans les champs, fais pas la fête!