2015, l'année apicole au gré des saisons
Petit souci technique en provenance de la plateforme
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Après plusieurs années de vaches maigres, l’année 2015 fut encourageante pour un grand nombre d'apiculteurs. Et même si les productions n'ont toutefois pas été homogènes sur tout le territoire, nombre d’entre eux ont pu souffler un peu. Une petite pensée tout de même pour certains apiculteurs de Vendée qui avaient perdu quasi tout leur cheptel avant même que le printemps nous sorte de la torpeur hivernale.
Pour ma part, le bilan est très bon avec tout de même un gros souci sur mon plus petit rucher situé à Magny le Hongre.
Tout d'abord un bilan chiffré :
Les colonies :
J'ai débuté l'année avec 20 ruches et 25 ruchettes. Malheureusement, toutes les ruches de Magny le Hongre sont tombées malades à la sortie de l'hiver, touchées par la maladie noire.
Les deux autres ruchers se portent bien et aucune trace de cette terrible maladie n'est visible aujourd'hui.
Au bout du compte, le pourcentage de perte de chaque rucher fut le suivant:
Rucher de la Gondoire : 4 colonies sur 24 soit 16% de perte
Rucher de la Brie Boisée : 2 colonies sur 16 soit 12,5% de perte
Rucher de Magny-le-Hongre : 4 colonies sur 5 soit 80% de perte
Toutes les colonies perdues sur les deux premiers ruchers sont des ruches devenues bourdonneuses.(voir cet article). Ces chiffres compris entre 10 et 15% de perte sont malheureusement habituels aujourd'hui.
Fin juin, création de 15 essaims artificiels. Deux colonies sont devenues bourdonneuses. Il reste donc 13 jeunes colonies qui sont en hivernage.
Finalement, aujourd'hui, 50 colonies sont en hivernage. Espérons qu'elles passeront bien l'hiver, si l’on peut encore appeler ça un hiver...
Ici, le rucher de la Gondoire. A gauche les ruches et à droite les ruchettes.
La production de miel :
Très bonne année pour moi. Sur mes 45 colonies, 40 ont produit du miel. Comme souvent, certaines beaucoup plus que d'autres. Etant donné le nombre de jeunes colonies, la production de miel de printemps fut correcte mais sans plus.
Par contre, les ruches étant presque toutes populeuses à la mi-mai, les miellées d’acacia, de tilleul et de ronce donnèrent beaucoup de miel.
Finalement, mes ruches productives m’ont fait en moyenne 40 kg de miel cette année. Ce qui est bien au-delà de mes attentes.
Au gré des saisons…
A la mi-février, alors que les champs arboraient encore leurs couleurs hivernales,
que le fier rouge gorge, gonflait son plumage bigarré, voulant ainsi se faire plus gros que le bœuf et se protéger de la bise glaciale,
et que la nature offrait ses tout premiers repas gratuits exhibant les chatons de noisetiers puis les premiers crocus qui, après moult efforts, avaient percé le sol durci de nos jardins,
la reine des abeilles s’était déjà mise au travail.
Ça n’était alors qu’un tour de chauffe car même pour la souveraine des Apis Mellifera, patience est mère de sûreté et 60 millions d'années d'évolution lui ont appris que trop de bébés trop tôt était une grosse erreur.
C'est à cette période de l'année que je posais les tiroirs de fond de ruche évitant ainsi les courants d’air qui dérangent parfois les travailleuses invétérées.
Les colonies eurent alors rapidement leur empreinte figée sur le plastique jaune.
Les porteuses d’eau commençaient déjà leurs ballets hors de la ruche sans pour autant s’éloigner trop.
Les plus intrépides risquèrent tout de même leur vie et la sanction fut parfois sans appel. Épuisées, certaines se posaient au pied des ruches. On les retrouvait mortes comme les feuilles sur lesquelles elles s'étaient éteintes.
La première partie du mois de mars 2015 lança la saison pour de bon et les grappes de pollen du saule Marsault
ainsi que les corolles de fleurs des prunus, encouragèrent les colonies à amorcer un mouvement qui ne s'arrêterait plus avant la fin du mois de juin.
L'entrée des ruches était en ébullition
Et les arrivages de pollen incessants...
C’est aussi à cette époque que les premiers soupçons de maladie apparurent sur les ruches de Magny. Des traces de dysenterie sur les parois des ruches, mais aucune à l’intérieur. Ce qui me laissait espérer un rétablissement.
Par contre, quelques abeilles étaient déjà touchées par la maladie noire.
Début avril, c’est l’explosion et les cellules libérées par les naissances de jeunes abeilles sont aussitôt transformées en couveuse
Les ouvrières poussaient alors leur reine à travailler sans relâche.
Certaines colonies plus pressées que d'autres prirent parfois la poudre d'escampette.
Cette effervescence doublée d'une envie de se reproduire ne touchait pas que les abeilles. Renards et mésanges n'étaient pas en reste.
Certaines colonies allaient plus vite que la musique et il est arrivé que je me fasse déborder par des maçonnes en manque de place.
Et puis, ce fut le coup de frein de la mi-avril. Une météo plus capricieuse mis temporairement fin à l'euphorie ambiante. Petite peur pour l'apiculteur car les jeunes colonies venaient juste de recevoir leur première hausse.
Et il fallut attendre une bonne dizaine de jours aux travailleuses pour reprendre le rythme de croisière...
Dans le champ de colza les ruches s'alourdissaient alors chaque jour.
Mais à Magny, il n’y avait plus de place pour le doute. Les colonies étaient bel et bien malades. Pour preuve, le nombre d’abeilles mortes dans le nourrisseur couvre cadre ou au pied des ruches.
C'est à cette période que j'ai marqué quelques unes de mes reines. Il aurait été préférable de faire ce travail plus tôt quand il y avait moins d'abeilles sur les cadres, mais bon... Les journées ne font que 24h, alors, on se débrouille comme on peut!
A la mi-mai, première récolte de printemps.
Les merveilleuses effluves de miel autour des ruches ne devaient pas me faire oublier que le miel de colza a une fâcheuse tendance à se figer dans les cadres. La récolte se fit donc en deux temps, à 15 jours intervalle.
Ici, un cadre partiellement bloqué par le miel de colza figé.
L’extraction se fit dans la foulée, une fois le taux d’humidité du miel vérifié.
Les derniers cadres de miel de printemps à peine extraits, les abeilles filèrent sur l’acacia. Se fut une divine surprise pour moi. Les acacias sont à 1.5 km mais la météo permis à nos inépuisables sportives ailées de s’éloigner.
Les hausses se remplirent en un rien de temps...La récolte se fera début juin.
Les chasses abeilles sont posés sous un soleil radieux dans le rucher de la Gondoire.
Et le jour de la récolte, il y a toujours beaucoup de monde sur ce merveilleux ustensile
Durant tout le mois de juin, la météo fût parfaite pour le travail des abeilles. Alors qu'elles se régalaient des offrandes des fleurs, l’apiculteur, lui, se réjouissait de voir les hausses se remplir et se chevaucher, se prenant parfois à rêver d'un Manhattan agricole. Tilleul, ronces et autres "microchamps" de pollen en profitaient pour s'échanger leurs graines.
C'est en observant une butineuse que l'on peut comprendre le lien étroit qui existe depuis toujours entre l'abeille et la plante à fleur. L'interdépendance entre l'homme et les pollinisateurs est moins flagrante mais pourtant tout aussi réelle.
Nous dépendons d'eux pour survivre et de nos comportements dépendra leur survie.
Par contre, au rucher de Magny, c'est la bérézina et seule une colonie sur les 5 ayant hiverné sur cet emplacement a survécu.
Les cadavres se sont malheureusement accumulés tout au long de la saison au pied des ruches.
Pour autant, la vie continuait et certains profitaient des beaux jours pour agrandir leur petite famille
Fin juin, en pleine miellée et quelques jours avant les premières récoltes d'été, je préparais les ruchettes pour les essaims artificiels. Un petit coup de peinture et c'était bon...
Les colonies qui le pouvaient furent divisées. Si possible, la reine restait à la maison et les nouvelles habitantes des ruchettes déplacées me faisaient quelques belles princesses prêtes à naître.
Et comme il ne doit en rester qu'une, la première sortie se transformera, pour la bonne cause, en une tueuse en série implacable. Mais contrairement à Conrad MacLeod, immortel héros de Highlander, elle ne vivra pas éternellement...
Pour 5 colonies, ce fut un peu différent car c'était la première année que je plaçais des cellules royales qu'un ami m'avait données. Dans ce cas précis, pas de "serial killeuse" car toutes les jeunes cellules doivent être retirées pour placer la future princesse sélectionnée. Sorte de mariage arrangé. Heureusement, aucune dot ne fut exigée par la famille d’accueil.
Je vérifiais tout de même que la fille unique était bien née
Et j'espérais que mademoiselle saurait se faire désirer par les mâles les plus fertiles...
Durant la première moitié du mois de juillet, les récoltes se suivirent et ne se ressemblèrent pas pour autant.
Si les premières se firent en toute décontraction, les dernières furent bien plus rock'n'roll !!!
Quand il reste de quoi "grailler" dans la nature, nos amies récolteuses sont bien plus tolérantes que quand cette même nature a perdu ses fleurs.
Pillage et agressivité furent alors au goût du jour et les récoltes pouvaient parfois être accompagnées de quelques jurons pour le coup plutôt fleuris...
A priori, certaines jeunes abeilles âgées de plus de 18 jours souhaitaient passer leur permis de conduire... Mais le code de conduite n'était pas encore connu sur le bout des pâtes.
Une fois le travail à la miellerie terminé, une indicible envie de me poser et de glandouiller me guettait. Mais trois choses restaient à faire.
- poser les traitements pour le varroa. Plus tôt c'était fait et plus il serait efficace. Laissant ainsi moins de temps aux parasites pour se développer. Chaque jour comptait alors et attendre le mois de septembre pour lancer le traitement aurait été une erreur...
- Nourrir les colonies les plus légères et confrontées à un manque de nectar durant l'été est tout aussi important pour éviter l'apparition de carences.
Ceci est encore plus valable pour les jeunes colonies qui viennent d'être créées..
Des petites quantités de sirop furent données pour stimuler la reine en simulant une miellée et de plus grosses ensuite pour le stockage des réserves dans le corps de ruche.
Enfin, je n'oubliais pas de faire lécher les hausses par les abeilles. Les laisser encore toutes collantes dans la miellerie aurait été une prise de risque inutile car notre tendre amie la fausse teigne aurait pris un malin plaisir à faire tout plein de petits, transformant les jolis cadres de cire en une soupe de crottes et de fils de soie. Tout ceci agrémenté d'asticots bien gras...
Ici, un petit avant goût.
Cette année, je fis au plus simple en posant les hausses les unes sur les autres proche du rucher en ayant pris soin de :
- vérifier l'état sanitaire des colonies
- réduire les entrées de ruche
- placer ces hausses dans un rucher isolé et loin des habitations
Ce fut efficace mais impressionnant.
De retour de vacances, le travail reprit par une vérification de l'état des ruches.
Comme l'année dernière, les fleurs de lierres donnèrent la température des ruchers. La miellée se mis en place assez tardivement et quand les conditions furent réunies, les ruches de la Gondoire virent leur couvain se développer alors que leur poids montait en flèche.
C'était aussi le cas des ruchettes qui avaient toutes été ramenées sur ce rucher pour qu'elles puissent profiter du nectar de lierre.
Pour le rucher de la Brie Boisée, peu concerné par le lierre, la situation fut beaucoup plus calme. Peu de couvain, un poids qui baisse et l'obligation de nourrir durant le mois de septembre. Pour autant, pas d'inquiétude car, comme l'année précédente, les zazas s'adaptèrent à la situation.
Petite particularité de l'année 2015. La présence de Monsieur Vespa Crabro aussi appelé frelon européen. Il cassa les pieds aux habitantes du rucher de la Gondoire, sans pour autant trop les gêner dans leur travail de stockage.
Avec ces températures inhabituelles, la surveillance du poids des ruches est plus importante. Je suis donc allé peser toutes mes ruches mi-décembre et je constate que si les colonies de la Brie Boisée situées plutôt à l'ombre ont perdu en moyenne 28 grammes par jour ces deux derniers mois, celles de la Gondoire situées en plein soleil en ont perdu 40 par jour.
Pour autant, pour la très grande majorité des colonies, il n'y a pas d'inquiétude pour l'instant car leur poids est encore suffisant. Je devrai tout de même surveiller certaines d'entre elles qui se sont allégées un peu plus vite que les autres.
Je n'ai ouvert aucune ruche et n'ai donc pas d'idée sur la quantité de couvain présent actuellement. Je me fie pour l'instant à la perte de poids qui reste raisonnable. Si cela évoluait rapidement, il faudrait alors intervenir...
Plus d'inquiétude quand je vois les plantes se développer trop tôt.
Un gros coup de gel sur des bourgeons trop avancés pourrait amputer en partie les récoltes du printemps. Mais comme dirait l'autre... A chaque jour suffit sa peine...