A la miellerie
A la mi-novembre, la seule chose à faire au rucher est une surveillance discrète des ruches. Normalement, toutes les petites avettes devraient être tranquillement agglutinées les unes contre les autres à attendre une éventuelle hausse des températures pour aller au petit coin de temps en temps.
Oui mais voilà, les records de température sont une fois de plus battus et l'activité reste très inhabituelle...
Ici, nous sommes le 15 novembre et la ruche de l'école de Tigeaux est en pleine activité.
Cette douceur, qui peut être agréable pour tout un chacun, pose quelques problèmes car une colonie active consomme beaucoup plus que lorsqu'elle est en grappe. Pour autant, les butineuses ne ramènent que du vent... Les stocks de nourriture sont donc entamés plus tôt qu'ils ne le devraient...
J'en ai profité pour mettre les dernières portes d'hiver sur les ruchettes. Du coup, mulots et courants d'air resteront dehors.
Attention tout de même mes demoiselles à ne pas vous emballer car quand le froid arrive, ça n'est plus la même histoire...
On peut se faire terrasser sur la planche d'envol à quelques centimètres de la maison.
Ces températures inhabituelles n'ont pas encore éliminé certains diptères un peu envahissants qui profitent de l'engourdissement des propriétaires des lieux pour taper l'incruste. En toute logique, ces squatteuses devraient rapidement disparaître après quelques jours de froid...
Quand l'activité est réduite au rucher, le travail se déplace à la miellerie. Et il y a de quoi faire.
En effet, le miel difficilement gérable durant la saison apicole est mis en seau. Il doit ensuite être refondu et mis en pot pour le miel liquide. Mais pour les différents crémeux, il faut les malaxer afin d’obtenir une texture fine, souple et surtout stable.
On va essayer de tout faire dans l’ordre...
Pour le miel de printemps :
Si on le veut de qualité, ce miel est plus compliqué à gérer qu’un miel d’été car il cristallise vite, voir, très vite pour le miel de colza. L’avantage de la cristallisation rapide vient du fait que la texture est très souvent fine à très fine. Mais en contrepartie elle est très dure et désagréable à tartiner.
Pour y remédier, il faut travailler ce miel en le malaxant avant de le mettre en pot.
Au printemps, juste après la récolte, il faut le mettre dans un maturateur. Le laisser reposer puis écumer les microbulles qui remontent à la surface. Ensuite, on va attendre le début de la cristallisation.
Une fois qu’elle a débuté (le miel se voile légèrement), il faut le malaxer 2 à 3 fois par jour durant 5 à 10 minutes. L’objectif étant de gêner la cristallisation afin que les cristaux ne s’imbriquent pas parfaitement les uns dans les autres. C’est finalement le même principe qu’une sorbetière.
Quand le miel nous semble assez souple, on doit alors immédiatement le mettre en pot. Plus on attendra, plus il restera souple dans le pot mais plus le travail sera compliqué car il s’écoulera moins bien en sortant du maturateur. Si l'on s'endore un peu (ça peut se jouer à quelques heures), il risque de se figer et là...Bonjour la galère!!!
Pour ma part, je retarde le plus possible… Le fait d'attendre le dernier moment entraîne quelques marbrures mais,
passée une semaine, celles-ci sont moins visibles. La texture, elle, reste souple et fine. Ce miel est particulièrement apprécié par les consommateurs.
Même principe pour le miel de colza pur.
La saison apicole passée, la gestion du miel de printemps qui avait été mis en seau et qui s'est totalement figé en quelques jours est un peu différente.
Deux solutions :
Première méthode :
Réchauffer très légèrement le miel qui est cristallisé (+ ou - 30°) et le malaxer. C’est une solution simple mais qui entraîne une fragilisation de ce dernier qui risque de développer une double phase. Cela veut dire qu'une partie du miel plus chargé en eau va remonter à la surface, laissant les cristaux au fond du pot. D'une part, cela n'est pas très ragoûtant, mais en plus de ça, le miel qui remonte étant plus humide, il a de forte chance de fermenter. Il faut donc autant que faire ce peut éviter cette transformation. Je n'utilise donc jamais cette méthode.
Deuxième méthode :
Refondre entièrement le miel et recommencer le même travail qu’au printemps. Ce miel aura alors la même stabilité que s'il avait été travaillé à la sortie de l'extracteur. Attention tout de même car la refonte du miel doit être maîtrisée si l’on ne veut pas l’abîmer…(Paragraphe spécial refonte du miel lors du prochain article)
Pour le miel d’été :
Certains miels comme l’acacia (même s'il n'est pas vraiment un miel d'été) ou le châtaigner sont une bénédiction pour l’apiculteur car ils cristallisent très lentement. On peut les mettre en seau et en pot plusieurs mois plus tard sans aucune transformation.
Ici un miel d'acacia qui a 5 mois.
Mais la majorité des miels d’été cristallisent en quelques mois. Et pour un certain nombre d’entre eux la texture devient grossière et est en général peu appréciée par les consommateurs.
Pour ces miels, la refonte est donc indispensable pour la mise en pot.
La refonte du miel est un problème non négligeable et risqué si elle n'est pas controlée. Tant que l'on peut, il vaut mieux l'éviter. Mais vous allez voir qu'il existe tout de même certaines données non contestables car vérifiées en laboratoire qui prouvent que l'on peut refondre du miel en gardant quasiment toutes ses qualités intrinsèques et gustatives. Attention donc aux amalgames et aux idées reçues.
Je vous expliquerai tout ça dans le prochain article.