Quand les frelons attaquent...
La gourmandise est un vilain défaut... Et justement, les frelons sont particulièrement gourmands en cette fin d'été. Et pourquoi donc, me direz-vous? Et bien tout simplement parce que c'est à cette époque de l'année que les futures fondatrices de 2016 sont produites par la colonie. Et elle ne fait pas les choses à moitié car jusqu'à 300 futures reines peuvent naître dans chaque famille... Malheureusement, pour nos petites abeilles, leurs larves goulues ont un important besoin de protéines pour grandir. Mais contrairement à notre apis mellifera, les protéines ne sont pas trouvées dans le pollen mais dans le thorax de certains insectes.
Ici, une abeille vient d'être capturée. Elle sera dépecée un peu plus loin.
Généralement, la pauvre petite est entraînée par son bourreau sur une branche afin d'être décortiquée telle une vulgaire crevette...
Parfois ça se fait à même le sol comme ici.
Mais au fait, quel est ce monstre jaune, noir et brun qui vient perturber mes colonies?
Heureusement pour moi, cette année, c'est le frelon européen (Vespa Crabro) qui s'est attaqué au rucher de la Gondoire. Et si sa pression est particulièrement importante en 2015, cette dernière reste supportable pour les colonies. Et oui, Monsieur Crabro a évolué en même temps que nos abeilles et celles-ci ont appris à se défendre. Par chance, il a une alimentation assez variée et l'abeille n'est finalement, pour lui, qu'un met parmi tant d'autres.
Et même si une d'entre elles est parfois croquée (paix à son âme), les ponctions ne sont pas si fréquentes que ça.
Sur ces photos, on voit bien qu'elles ne se laissent pas faire malgré une grosse différence de taille.
Un signe qui ne trompe pas. Les butineuses continuent à travailler malgré la présence de Monsieur Crabro. Cette colonie fait ses réserves de pollen. Elle nourrit actuellement les larves futures abeilles d'hiver. Dès février, elle pourra nourrir les jeunes larves qui lanceront la saison 2016.
Parfois, yen a même un peu trop dans les corbeilles. Et il faut s'y prendre à deux fois pour rentrer à la maison.
Oui mais voilà... Ce qui est valable dans mon rucher ne l'est malheureusement pas chez les voisins. Des frelons asiatiques ont été détectés à 1 km de mes ruches. Et là, ça n'est plus la même histoire.
Pourtant, le nouvel arrivant n'est pas plus impressionnant que son prédécesseur. Voir même un peu plus petit.
Mais ce cher et tendre Vespa Velutina (frelon asiatique) qui cassait déjà bien les pieds aux abeilles Apis cerana présentes dans le Sud-Est asiatiques se sent particulièrement à l'aise dans nos contrées. D’une part, parce que le climat semble tout à fait lui convenir mais aussi parce que sont casse croute préféré, cette très chère abeille domestique est bien plus facile à croquer en europe qu’en Asie.
Bizarre quand on sait que les abeilles autochtones de chaque continent sont physiologiquement, très proches l’une de l’autre.
D'autant plus que leur méthode de défense est très semblable. Elles ont pour habitude, non pas, comme on pourrait le croire, de piquer leurs assaillants mais de les enrober comme le chocolat autour d'un m&m's ou encore un nicotinoïde autour d'un grain de maïs. Ce qui, il faut l'avouer, est tout de suite beaucoup moins appétissant. La chaleur émise par cette grappe finit par tuer la grosse bête par hyperthermie.
Seulement, il y a un hic! Notre apis mellifera n'utilise pas assez d'abeilles pour faire monter la température contrairement à sa cousine Apis cerrana. Du coup, alors que Cerrana peut tuer jusqu'à 10 frelons par jour, Mellifera en tue rarement plus d'un. Cette différence d'efficacité s'explique facilement.
Alors que la petite abeille aux yeux bridés a eu des millions d’années pour trouver une parade face aux attaques de ce glouton, notre abeille occidentale n’a pas encore eu le temps de participer aux mêmes cours d’auto-défense. En effet, monsieur « je mange tout ce qui bouge et qui fait BZZZZ » n’est arrivé en France que depuis quelques années en profitant d’une croisière en bateau gratos planqué dans une jarre en argile. Et oui... Les transports en commun de l'homo sapiens vont vite, trop vite et en tout cas beaucoup plus vite que l'évolution chère à Monsieur Charles Darwin. Ceci n'est pas sans conséquence sur notre faune et notre flore locale.
Mais alors, hormis leur menu, quelle est la vrai différence entre Mr Crabro et Monsieur Velutina.
Et bien alors que monsieur Crabro a tendance à voler de ruche en ruche en s'éparpillant et en essayant de kidnapper une abeille de-ci de-là comme sur cette vidéo de la ruche du jardin,
Monsieur Velutina est lui, bien plus rigoureux en se mettant à plusieurs en vol stationnaire devant l'entrée de la ruche.
Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce ne sont pas toujours les ponctions d'abeilles qui pénalisent le plus la colonie mais plutôt le fait que les butineuses ne sortent plus pour faire les courses. Du coup, la colonie s'affaiblie au plus mauvais moment car c'est à l'approche de l'hivernage que la pression est la plus forte.
Pour finir, voilà un Monsieur Crabro qui a un gros problème. Il lui manque un morceau d'aile. Une attaque d'abeille? Probablement pas... Je pencherais plutôt pour une bagarre avec un de ses congénères car ces messieurs ont une fâcheuse tendance à se bagarer quand il sagit de défendre un repas. Mais ce ne sont que des conjectures.