Pillage et grignotage au rucher
Nous sommes en plein hiver et déjà, noisetiers et crocus exhibent leurs offrandes polliniques. Mais attention aux mirages... Ces fleurs n'apportent en fin de compte que peu de nutriments et sont finalement qu'un amuse bouche en attendant le généreux saule marsault. Et quoi qu'il en soit, il n'y a aucune source de nectar en vue avant plusieurs semaines.
Quelques grains de pollen de noisetier inaccessibles pour l'instant étant donné la température ambiante
Mais toutes les colonies ne restent pas pour autant inactives. Certaines reines ont déjà commencé à pondre grâce aux réserves de pollen stockées en fin d'été. Mais gare aux audacieuses qui prennent trop d'avance car les conséquences peuvent parfois être particulièrement handicapantes pour la colonie car :
- Qui dit bébés dit plus de mandibules à nourrir et à une période de disette absolue comme en février, le manque de réserves peut entraîner une mort violente... Selon certaine études, une abeille ne peut pas vivre plus de 5 jours sans apport de nourriture.
- Qui dit ponte, dit couvain à recouvrir et à garder à température constante. Un gros coup de gèle par dessus ça et un grand nombre de larves risques de mourir et ce sera autant de travail en plus pour les nettoyeuses...
Malheureusement, pour certaines colonies, les problèmes sont parfois bien plus graves. Ainsi, quelques reines ne passeront pas l'hiver transformant ainsi leur colonie saine en colonie bourdonneuse (voir ici).
Ici, de nombreux oeufs sont tombés sur le tiroir de fond de la ruche. Même s'il n'y a pas de certitude, il est probable que cette ruche soit bourdonneuse. Il peut arriver qu'une reine fasse tomber malencontreusement un oeuf mais dans ce cas précis, il semble plutôt que ce soit des ouvrières pondeuses bien plus maladroites que la reine. Je serai fixé dès les premières belles journées de mars.
D'ici là, il est possible en regardant les tiroirs de se faire une idée de l'état de la colonie.
Ici un trombinoscope de mes ruches. Comme on peut le constater, chacune d'entre elle a son empreinte "cirière".
Les zones sombres sont recouvertes de vieille cire qui tombe après avoir été grignotée par les abeilles quand elles désoperculent les alvéoles pleines de miel. Elles marquent l'emplacement de la grappe.
Je constate que sur le rucher le plus exposé au soleil, l'emplacement de la grappe est clairement moins bien délimité.
Ici le rucher est très bien exposé. La trace de la grappe est plutôt floue. Les abeilles se sont probablement plus déplacées.
Ce constat est valable pour toutes les ruches de mes différents ruchers.
L'analyse de ces drôles de "code-barres" permet de mieux comprendre l'activité de la ruche.
Ici on repère bien les opercules découpés. On pourrait les comparer à des couvercles de boîtes de conserves.
Ici, des écailles de cire transparentes sorties des glandes cirières des maçonnes.
Ici, quelques varroas qui laissent à penser que cette ruche est à surveiller et sera peut être traitée au tout début du printemps.
Si l'on regarde le trombinoscope d'un peu plus près, deux ruches semblent avoir des morceaux de cire bien plus gros.
En y regardant de plus près, les morceaux de cire sont en effet bien plus gros. Mon inexpérience m'a d'abord fait croire à un simple pillage entre colonie. En effet, ces deux ruches étaient de toute façon perdu car orpheline en début d'hiver. J'aurais du les éliminer mais ayant été pris par le temps j'ai fait le choix de les laisser au rucher en omettant de mettre la porte d'hiver contre l'intrusion de souris.
Eh bien madame la musaraigne ne s'est pas fait prier pour venir s'installer et profiter de cette aubaine pour construire son petit lit douillet juste à coté d'une réserve de protéine. J'entends par là, les cadres de pollen.
Mais ce petit paradis pour souris s'est transformé en enfer dès la première hausse du mercure. En effet, étant donné la bonne exposition de ce rucher, les colonies voisines se sont vite empressées de se servir dans cet hypermarché mellifère et les petits mammifères ont du décamper au plus vite.
J'ai donc retiré les deux ruches et les ai nettoyées et désinfectées.
L'autre moyen d'avoir une idée de ce qui se passe dans le ruche est d'observer la planche d'envole et le périmètre proche de la ruche.
Ici, cette porteuse d'eau n'a pas eu à aller bien loin car elle puise l'eau du petit morceau de mousse que j'avais mis pour réduire l'entrée de la ruchette.
A quelques mètres de là, certaines d'entre elles se sont un petit peu éloignées pour récupérer sur les brins d'herbe ce breuvage essentiel pour l'alimentation des jeunes larves.
Si les porteuses d'eau sont au travail, on peut estimer que certaines reines sont déjà en ponte. En espérant qu'elles ne fassent pas d'excès de zèle pour l'instant.
Cet hiver 2015 déroule ses journées fraîches et humides sur la seine et marne et les zazas attendent avec impatience les premières belles journées tempérées pour aller se dégourdir les ailes.
Un petit instantané des ruchers.
Tout ceci sous l'oeil d'un drôle d'oiseau.
A vous de deviner lequel...