UNE VIE D'ABEILLE (ou la chambre des métiers d'apis mellifera)
A) UNE VIE D'ABEILLE
B) VISITE AU RUCHER
C) SOLUTION DE L'ÉNIGME DE L'ARTICLE PRÉCÉDENT
A) UNE VIE D'ABEILLE
Vers la fin de l'été, après plusieurs tentatives infructueuses, le rucher de Bussy a fini par obtenir l'interview d'une vieille ouvrière (Mademoiselle Propocire) baroudeuse de 38 jours qui a bien voulu se poser malgré son envie frénétique de repartir au labeur dès les premiers rayons solaires d'un mois de septembre bien doux.
Le Rucher de Bussy : - Mademoiselle, Tout d'abord merci de nous accorder quelques minutes de votre temps précieux.
Mademoiselle Propocire : - Pas de quoi, mais ne perdons pas de temps, le lière est en fleur et les réserves de la ruche ne sont pas au mieux!
Le Rucher de Bussy : - Pardons... Commençons...
Pouvez-vous nous décrire vos 38 premiers jours de vie et surtout le métier que vous avez pratiqué durant tout ce temps.
Mademoiselle Propocire : - Houlà!!! Pas simple comme question... Va falloir que je simplifie!
C'est à dire que nous autres les ouvrières n'avons pas des vies plan plan comme la plupart de vos acolytes bipèdes. La majorité d'entre vous commencez le 1er quart de votre vie accrochés aux jupons de vos parents, puis vous travaillez les 2 quarts suivants, si possible en pratiquant un seul et même métier, pour finalement vous reposer un gros 4ème quart. Vous parlez d'une vie! Je serais déjà morte d'ennui dès le 1er quart!
LRDB : - Pardon, mais vous êtes tout de même un peu caricaturale.
Mlle P : - Mouais... En tout cas, je peux vous dire que pour ma part, je suis rentrée dans la vie active dès les premières heures de ma vie.
LRDB : - Restons sérieux s'il vous plaît...
Mlle P : - Comment ça restons sérieux! Mais je suis on ne peut plus sérieuse! A peine avais-je émergé de ma cellule que je me mettais au boulot en commençant par nettoyer cette dernière pour que sa majesté puisse y pondre au plus vite. Et je peux vous dire que madame inspecte les 6 recoins avec une grande attention. Et d'ailleurs, comme vous pouvez le constater, notre ruche est d'une très grande propreté. Nous sommes une colonie particulièrement saine. Rien n'est laissé au hasard... Morceaux d'opercule, pollen périmé, cadavre d'ouvrière morte dans la ruche (surtout en hiver), nous allons même jusqu'à désoperculer des cellules pour évacuer des nymphes mortes ou malades. Mais bon, nous savons de qui tenir...Ne dit-on pas telle mère telles filles.
LRDB : - Mais aujourd'hui, vous êtes nettoyeuse?
Mlle P : - Pas réellement. Une jeune nettoyeuse ne s'aventure jamais à l'extérieure de la ruche. Durant ses premier jours, elle se contente de nettoyer les cellules dans la ruche. Seules des abeilles plus âgées et nettoyeuses par interim s'en éloignent uniquement de quelques mètres pour rejeter les cadavres hors de la ruche.
Aujourd'hui comme vous avez pu le constater, je suis une butineuse.
LRDB : Eclairez ma lanterne s'il vous plait. Nettoyeuse ou butineuse?
Mlle P : Qu'est ce que vous pouvez être conformistes vous les humains!!!
Nous changeons de métier tout au long de notre vie. Un des premiers d'entre eux est en effet celui de nettoyeuse et si tout se passe bien le dernier sera celui de butineuse. Mais entre les deux une vie particulièrement tumultueuse nous attend.
LRDB : Vous pouvez nous en dire plus...
Mlle P : Je veux bien mais je n'aurai pas le temps de m'attarder car j'ai une soeur qui danse juste à côté pour me signaler qu'elle a trouvé un super butin (voir cet article sur la danse des avettes) on ne va donc pas trainer.
Au bout de 3 ou 4 jours environ, je suis devenue nourrice. J'avais donc pour objectif de nourrir nos bébés. C'est à dire les larves placées dans les cellules. Au tout début je m'occupais des plus vieilles en leur donnant une bouillie de pollen et de miel mais après quelques jours quand certaines de mes glandes se sont développées, j'ai pu nourrir les plus jeunes voir même les futures reines avec de la gelée royale, notre potion magique.
LRDB : Ça doit être sympa comme métier...
Mlle P : Sympa, si on veut. Totalement épuisant vous voulez dire. Chaque larve est nourrie plus de 1000 fois par jour et inspectée plus de 7000 fois. Quand on sait qu'il peut y avoir jusqu'à 2000 naissances par jour, vous n'imaginez pas le travail...
Bref, au bout de 10 à 15 jours, n'en pouvant plus, j'ai changé de métier, pour devenir manutentionnaire.
LRDB : Heu... C'est vraiment plus reposant?
Mlle P : Reposant! C'est un gros mot chez nous monsieur!
Mon travail consistait alors à transporter le nectar rapporté par les butineuses dans les alvéoles prévues à cet effet. On se le transmet de jabot à jabot par trophallaxie grâce à notre langue. On en profite pour l'assécher et y ajouter quelques enzymes qui lui donneront des qualités nutritionnelles exceptionnelles aussi bien pour nous que pour vous, les voleurs de miel!!!
Bon la je n'en peux plus, il faut vraiment que j'y aille sous peine de me faire traiter de tire-au-flanc.
On se rejoint dans quelques jours sur la planche d'envol. Salut!!!
LRDB : Euh... Bon ben d'accord.
Et bien on en saura un peu plus la prochaine fois dans la deuxième partie de "UNE VIE D'ABEILLE".
B) VISITE AU RUCHER
Cet hiver est bien plus doux que l'an dernier et cela se voit. Les provisions ont bien baissé jusqu'à mi-janvier mais avec le petit refroidissement de ces 15 dernier jours le poids des ruches s'est stabilisé.
Quoi qu'il en soit, l'activité à l'intérieur de certaines ruches a repris et c'est tout de même un peu tôt. Pour preuve cette nymphe morte sur la planche d'envol. La photo à été prise le 27 janvier ce qui veut dire que la reine avait repris sa ponte avant la mi-janvier, voir début janvier.
Certaines ruches en sont déjà à la course au pollen alors qu'il fait à peine 7° dehors. Une température à ne pas mettre un hyménoptère dehors.
Déjà des apports de pollen
Du coup, bon nombre de courageuses restent sur le palier et certaine se soutiennent dans ces moments difficiles.
Il y a tout de même des photos troublantes. Ces abeilles sont mortes de froid depuis peu. Figées pour l'éternité.
C) SOLUTION DE L’ÉNIGME DE L'ARTICLE PRÉCÉDENT
Une reine pond uniquement dans une cellule vide et propre. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça n'est pas le cas ici.
Il y a trois oeufs (qui sont en fait des ovules non fécondés) dans une même cellule et de surcroît, la cellule est pleine de pollen. Nous avons donc à faire à une colonie orpheline et ce sont des ouvrières qui les ont pondus (voir cet article). Si ça n'est pas le cas, il faut que sa majesté aille voir un psychologue sans tarder...